Le passage de la SCI IR à l’IS est-il stratégique pour l’amortissement ?

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  • Article written by Mickaël ZONTA
  • Co-fondateur, Investissement-Locatif.com
Publié le lundi 10 novembre 2025
Summary
Les principes fondamentaux de l’amortissement en SCI IS
La méthode d’amortissement en SCI à l’IS : linéaire vs dégressif
Les conditions pour passer d’une SCI IR à SCI IS
Amortissement en SCI IS : un levier fiscal à ne pas négliger
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Le passage SCI IR à IS ouvre la voie à l’amortissement stratégique. C’est le virage fiscal que les investisseurs avisés ne négligent plus. En optant pour l’impôt sur les sociétés, la SCI accède enfin à un levier puissant : l’amortissement comptable. Chaque bien immobilier devient alors une source d’optimisation, année après année.

Contrairement au régime IR, l’IS permet de déduire l’usure du bien de vos bénéfices imposables. Résultat : moins d’impôts, plus de marge. L’immeuble, le mobilier, les travaux… tout ce qui perd de la valeur peut être amorti. Et chaque écriture comptable devient une stratégie.

Ce changement de régime ne se résume pas à une formalité. C’est une décision patrimoniale, comptable et fiscale à fort impact. Elle exige méthode, anticipation et clarté. Mais bien maîtrisée, elle transforme votre SCI en outil de performance.

Les principes fondamentaux de l’amortissement en SCI IS

L’amortissement en SCI IS est un levier fiscal incontournable pour les investisseurs immobiliers. Lorsqu’une SCI passe du régime IR (impôt sur le revenu) au régime IS (impôt sur les sociétés), elle bénéficie d’une nouvelle approche fiscale. L’amortissement devient un outil clé pour optimiser la rentabilité des biens immobiliers. Mais comment fonctionne-t-il réellement en SCI IS ?

Qu’est-ce que l’amortissement en SCI IS ?

L'amortissement est une déduction comptable qui permet de répartir le coût d’un bien immobilier sur sa durée d’utilisation. En SCI IS, il ne s'agit pas seulement de déduire les frais d'entretien ou de gestion, mais bien de "faire perdre" de la valeur à un bien immobilier aux yeux de l'administration fiscale.

En d'autres termes, l’amortissement permet de réduire le résultat imposable de la SCI, ce qui diminue l’impôt à payer. Ce mécanisme s’applique à tous les biens amortissables comme les bâtiments, les installations ou même certains équipements.

Exemple : si une SCI a acheté un immeuble pour 500 000 € et que cet immeuble est amorti sur 30 ans, l’amortissement annuel sera de 16 666 € (500 000 / 30 ans). Chaque année, ce montant vient réduire les bénéfices de la SCI et, donc, le montant de l’impôt.

Les types de biens amortissables en SCI IS

Tous les biens immobiliers ne peuvent pas être amortis de la même manière en SCI IS. En général, voici les biens qui peuvent bénéficier de l’amortissement.

  • Les immeubles : les bâtiments sont généralement amortis sur une période de 20 à 40 ans, selon leur usage ;
  • Les équipements et installations : certaines installations comme les chauffages, ascenseurs ou autres équipements peuvent être amortis séparément ;
  • Les frais d’acquisition : les frais notariés, d’agence ou autres frais liés à l’achat d’un bien peuvent parfois être amortis.

 

Voici les périodes d’amortissement des biens courants :

Type of property

Durée d’amortissement

Bâtiment (construction)

20 à 40 ans

Travaux de rénovation

5 à 10 ans

Meubles et équipements

5 à 10 ans

Frais d’acquisition

5 à 10 ans

 

La méthode d’amortissement en SCI à l’IS : linéaire vs dégressif

En SCI IS, il existe deux principales méthodes d’amortissement : linéaire et dégressif. Le choix entre ces deux méthodes dépend de votre stratégie fiscale et de la nature des biens.

L’amortissement linéaire : simplicité et prévisibilité

L’amortissement linéaire est la méthode la plus courante et la plus simple à comprendre. Elle consiste à répartir de manière égale la valeur d’un bien immobilier sur sa durée de vie utile. C’est une approche stable, qui permet à la SCI de comptabiliser la même déduction fiscale chaque année Exemple, si vous achetez un immeuble de 300 000 € et que vous choisissez un amortissement linéaire sur 30 ans, l’amortissement annuel sera de 10 000 € (300 000 / 30).

Voici les avantages de l’amortissement linéaire en SCI à l’IS :

  • Prévisibilité fiscale : le montant de l’amortissement est constant chaque année, ce qui simplifie la gestion fiscale ;
  • Stabilité des charges : les charges fiscales restent les mêmes, ce qui permet de mieux planifier et gérer la rentabilité de l’investissement.

 

Malgré ses atouts, cette méthode présente une limite notable en début de période. L’amortissement linéaire répartit la charge de manière égale chaque année, sans pic fiscal avantageux au démarrage. Résultat : les économies d’impôt sont régulières, mais peu spectaculaires dans les premières années. Si votre objectif est de maximiser les déductions fiscales rapidement, ce rythme constant peut freiner votre stratégie. C’est un choix de stabilité, pas d’agressivité fiscale. À court terme, le linéaire amortit… mais n’accélère pas.

L’amortissement dégressif : un avantage fiscal immédiat

L’amortissement dégressif, quant à lui, permet de déduire une plus grande part de la valeur du bien au début de sa durée de vie. Contrairement à l’amortissement linéaire, où la déduction est uniforme, l’amortissement dégressif commence fort et diminue chaque année.

Modèle de maison tenu en main avec billets et pièces d’euros en arrière-plan, image d’un bien amortissable en SCI IS

Exemple, si vous avez un bien acheté pour 300 000 € et que vous choisissez l’amortissement dégressif sur 5 ans, vous pourriez amortir 20 % du coût d’acquisition la première année, soit 60 000 €, et 16 % la deuxième année, soit 48 000 €, etc.

Voici les avantages de l’amortissement dégressif en SCI à l’IS :

  • Déduction fiscale plus importante au début : cela permet de réduire le résultat imposable plus rapidement, générant ainsi un allègement fiscal plus important dès les premières années ;
  • Adapté aux biens qui se déprécient rapidement : cette méthode est idéale pour les équipements ou les biens dont la valeur diminue rapidement, comme les matériaux de construction ou les appareils électroménagers.

 

Malgré ses avantages fiscaux au démarrage, cette méthode s’essouffle plus vite que le linéaire. Elle concentre les déductions sur les premières années, puis les réduit progressivement. Sur le long terme, la charge fiscale redevient plus lourde, faute de dotations suffisantes. Si votre objectif est de lisser les économies d’impôt sur plusieurs exercices, le dégressif peut freiner votre stratégie. C’est une approche dynamique, mais moins adaptée à une vision patrimoniale étalée dans le temps.

Pour vous aider à visualiser les différences entre l’amortissement linéaire et dégressif, voici un tableau comparatif qui présente un exemple d’amortissement pour un bien acheté 300 000 €, amorti sur 10 ans avec un taux de 20 % pour le dégressif.

Year

Amortissement Linéaire

Amortissement Dégressif

1

30 000 €

60 000 €

2

30 000 €

48 000 €

3

30 000 €

38 400 €

4

30 000 €

30 720 €

5

30 000 €

24 576 €

6

30 000 €

19 660 €

7

30 000 €

15 728 €

8

30 000 €

12 582 €

9

30 000 €

10 066 €

10

30 000 €

8 053 €

 

Comment choisir entre amortissement linéaire et dégressif ?

Le choix entre ces deux méthodes d’amortissement dépend de votre objectif fiscal et de la nature de votre investissement. Voici quelques éléments à prendre en compte :

  • Objectif à court terme : si vous souhaitez réduire votre base imposable rapidement et obtenir un allègement fiscal immédiat, l’amortissement dégressif est un excellent choix ;
  • Objectif à long terme : si vous cherchez à maximiser la stabilité fiscale sur plusieurs années, alors l’amortissement linéaire sera plus adapté.

 

Exemple : imaginons une SCI qui investit dans un immeuble de bureaux. Si l’objectif est de réduire rapidement l’impôt à payer pendant les premières années, un amortissement dégressif permet de réduire plus tôt la base imposable. Mais si la SCI prévoit de conserver l’immeuble pendant 30 ans sans avoir besoin d’un allègement fiscal immédiat, un amortissement linéaire pourrait mieux correspondre à son plan à long terme.

Les conditions pour passer d’une SCI IR à SCI IS

Le passage d’une SCI soumise à l’impôt sur le revenu (SCI IR) à une SCI soumise à l’impôt sur les sociétés (SCI IS) peut offrir des avantages fiscaux considérables. Cependant, ce changement ne se fait pas de manière automatique et nécessite de respecter certaines conditions et étapes clés.

Le processus juridique de la transformation d’une SCI IR en SCI IS

Avant tout, il est essentiel de comprendre que le passage d'une SCI IR à une SCI IS n'est pas une simple modification fiscale, mais un changement du régime fiscal de la société. La SCI IR est un impôt sur le revenu, tandis que la SCI IS est soumise à l'impôt sur les sociétés. Ce changement nécessite une décision unanime des associés et l’approbation des statuts de la SCI. Cette transformation est souvent réalisée en assemblée générale, où les associés décident de modifier le régime fiscal de la SCI. Voici les démarches à suivre :

Rédaction d’un procès-verbal d’assemblée générale

Il faut que les associés se réunissent en assemblée générale pour valider le passage à l’IS. Cette décision doit être prise à la majorité qualifiée ou à l'unanimité selon les statuts de la SCI.

Modification des statuts

Après la décision, les statuts de la SCI doivent être modifiés pour refléter ce changement de régime fiscal. Cela inclut notamment la mention que la SCI sera désormais assujettie à l’impôt sur les sociétés.

Déclaration auprès des autorités fiscales

Après avoir modifié les statuts, il est nécessaire de remplir une déclaration fiscale pour informer l’administration fiscale du changement de régime. Il faudra également respecter les délais et formules spécifiques pour cette déclaration.

Les critères d’éligibilité pour passer à l’IS

Toutes les SCI ne peuvent pas nécessairement passer à l’IS. Bien que le passage à l’IS soit une option ouverte pour les SCI, certaines conditions doivent être remplies. Voici les critères essentiels :

La nature de l’activité de la SCI

Le passage à l’IS est recommandé principalement pour les SCI qui ont pour objet la gestion de biens immobiliers destinés à la location. Si la SCI exerce d'autres activités commerciales, elle peut être automatiquement soumise à l’IS, et le passage devient obligatoire.

L’absence de déficits fiscaux

En principe, une SCI ne doit pas avoir de déficits fiscaux reportables lorsqu’elle passe à l’IS. Si des déficits existent, leur gestion sera plus complexe, et leur utilisation après le passage à l’IS pourrait être perdue ou altérée.

La gestion des biens immobiliers

Le passage à l’IS est plus avantageux pour les SCI qui détiennent des biens immobiliers générant des revenus réguliers et importants. Si les revenus locatifs sont faibles, le passage à l’IS pourrait ne pas être rentable fiscalement.

Le calcul des plus-values lors du passage à l’IS

Lors du passage d'une SCI IR à SCI IS, un des points importants à prendre en compte est le traitement fiscal des plus-values. Cette étape peut entraîner un « choc fiscal », car la SCI doit réaliser une plus-value latente sur les biens détenus. C’est-à-dire que les biens sont réévalués au moment du passage à l'IS.

Exemple, supposons qu'une SCI détienne un bien immobilier acquis pour 300 000 € et qu’à la date de passage à l’IS, la valeur de ce bien ait augmenté à 400 000 €. Cette différence de 100 000 € est considérée comme une plus-value latente et doit être comptabilisée par la SCI lors du changement de régime.

Maison miniature avec trousseau de clés posée sur des billets et graphiques, image d’un bien amorti dans une SCI soumise à l’IS

Cela entraîne une imposition sur la plus-value, bien que cette plus-value ne soit pas réellement réalisée tant que le bien n’est pas vendu. Ce traitement fiscal peut être complexe, et il est recommandé de consulter un expert-comptable pour bien gérer cette réévaluation.

Les conséquences fiscales du passage à l’IS

Le passage d'une SCI IR à SCI IS a plusieurs conséquences fiscales importantes. Tout d’abord, la SCI devra désormais être imposée sur ses bénéfices au taux de l’impôt sur les sociétés (IS), qui est actuellement de 15 % pour les premiers 38 120 € de bénéfices, puis de 25 % au-delà. Ce taux est généralement plus avantageux que celui applicable aux revenus fonciers dans le cadre de l’IR.

Voici les principaux avantages fiscaux de ce passage :

Diminution de la pression fiscale

Le taux de l’IS peut être plus bas que celui de l’IR, en particulier pour les SCI avec des revenus importants. Par exemple, un bien qui génère des revenus élevés sera mieux traité fiscalement avec l’IS.

Amortissement des biens

Le passage à l’IS permet de bénéficier d’un amortissement complet du bien immobilier, ce qui n’est pas le cas en SCI IR. Cela réduit la base imposable de la SCI et, donc, l’impôt à payer.

Séparation du patrimoine personnel et professionnel

Le passage à l’IS permet de dissocier le patrimoine personnel des associés de celui de la SCI, offrant ainsi une meilleure protection des biens personnels.

Bien que le passage à l’IS offre de nombreux avantages, il n’est pas exempt de risques et d’inconvénients, dont :

Imposition sur les plus-values latentes

Comme mentionné plus haut, la plus-value latente sur les biens immobiliers détenus doit être prise en compte, ce qui peut entraîner une lourde imposition au moment du passage.

Moins de flexibilité

Une fois la SCI passée à l’IS, il devient plus difficile de bénéficier des avantages liés à l’impôt sur le revenu (par exemple, le régime des plus-values immobilières de long terme).

Complexité administrative accrue

Le passage à l’IS entraîne des formalités comptables et fiscales plus lourdes. Il faudra, par exemple, produire des bilans comptables annuels, ce qui représente un coût supplémentaire pour la gestion de la SCI.

Impact sur les dividendes

En SCI IS, les dividendes distribués aux associés sont soumis à une double imposition, d’abord au niveau de la SCI, puis au niveau des associés.

Amortissement en SCI IS : un levier fiscal à ne pas négliger

Le passage d’une SCI IR à SCI IS représente une réelle opportunité pour les investisseurs immobiliers souhaitant optimiser leur fiscalité. Grâce à l’amortissement comptable, la SCI peut désormais réduire son résultat imposable, ce qui diminue l’impôt à payer, année après année. Bien géré, ce changement de régime peut transformer une SCI en un outil fiscal extrêmement performant. Toutefois, cette transition nécessite une planification soignée et une bonne maîtrise des différentes méthodes d’amortissement pour maximiser ses avantages sur le long terme.

Vous souhaitez optimiser la fiscalité de votre SCI et maîtriser l’amortissement ? Contactez un expert-comptable dès aujourd’hui pour vous accompagner dans cette transition stratégique et bénéficier de conseils personnalisés adaptés à votre situation.

FAQ : 1. Quelles sont les principales différences entre la SCI IR et la SCI IS ?

La SCI IR (impôt sur le revenu) taxe les bénéfices au niveau des associés, tandis que la SCI IS (impôt sur les sociétés) impose la société elle-même sur ses bénéfices. En SCI IS, il est possible de déduire davantage de charges et d'amortir les biens, ce qui peut réduire l’impôt sur les bénéfices.

2. Est-il possible de revenir d’une SCI IS à une SCI IR ?

Le passage d’une SCI IS à une SCI IR est complexe et n’est généralement pas possible tant que la société reste soumise à l’impôt sur les sociétés. Si ce passage est envisagé, il faut prendre en compte les conséquences fiscales et comptables de cette réversion.

3. Les travaux de rénovation peuvent-ils être amortis dans une SCI IS ?

Oui, en SCI IS, les travaux de rénovation peuvent être amortis sous certaines conditions. Ils sont généralement amortis sur une période de 5 à 10 ans, selon leur nature et leur impact sur la valeur du bien.

4. Le passage d’une SCI IR à SCI IS entraîne-t-il des frais supplémentaires ?

Oui, ce passage peut entraîner des frais supplémentaires, notamment en raison des formalités comptables et fiscales accrues (comme la rédaction des statuts, l’établissement de bilans annuels, etc.). Il est donc important de bien anticiper ces coûts dans votre stratégie.

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