Comment faire un apport à une SCI : quelles sont les étapes et les coûts ?

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  • Article written by Mickaël ZONTA
  • Co-fondateur, Investissement-Locatif.com
Publié le vendredi 14 novembre 2025
Summary
Qu'est-ce qu'un apport à une SCI et pourquoi est-ce obligatoire ?
Les différents types d'apports en SCI
Zoom sur l'apport d'un bien immobilier à une SCI (Procédure et formalités)
Conséquences fiscales des apports en SCI
Apport à la création vs. apport en cours de vie sociale
Foire aux questions (FAQ)
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Vous souhaitez apporter un bien à une SCI ? Cette décision représente un moment clé dans la gestion de votre patrimoine immobilier.

L'apport à une Société Civile Immobilière correspond à la mise à disposition d'un bien ou d'une somme d'argent au profit de la société. Cette opération peut se faire à deux moments : lors de la création de la SCI pour former le capital social, ou plus tard dans le cadre d'une augmentation de capital.

En échange de votre apport, vous recevez des parts sociales. Ces parts vous donnent des droits concrets : voter aux assemblées, toucher des bénéfices, être informé de la vie de la société.

Qu'est-ce qu'un apport à une SCI et pourquoi est-ce obligatoire ?

Sans apport, pas de SCI possible. L'apport représente la contribution de chaque associé au patrimoine commun, et c'est la base de toute société. Plusieurs personnes mettent en commun des biens ou leur savoir-faire pour partager les bénéfices ou profiter ensemble d'économies réalisées.

Vous restez associé après avoir fait votre apport. La différence, c'est que vous obtenez des parts sociales en retour, proportionnelles à ce que vous avez apporté. Ces parts matérialisent vos droits dans la société, déterminent votre poids dans les décisions et fixent votre part dans les bénéfices.

De son côté, la SCI devient propriétaire des biens apportés qui intègrent définitivement son patrimoine. Ils ne vous appartiennent plus personnellement.

L'apport joue trois rôles essentiels : il constitue le capital social de départ, apporte les ressources nécessaires au fonctionnement de la société, et définit les droits de chaque associé au sein de la structure.

Les différents types d'apports en SCI

La loi reconnaît trois grandes catégories d'apports. Vous pouvez les utiliser lors de la création de votre SCI ou plus tard, pendant la vie de la société.

Apports en numéraire

L'apport en numéraire, c'est le plus simple : vous apportez de l'argent en versant une somme sur le compte bancaire de la société. C'est la forme d'apport la plus courante.

La SCI offre une grande souplesse à ce niveau. Contrairement aux sociétés commerciales, il n'y a pas d'obligation de bloquer les fonds. Vous pouvez utiliser l'argent dès son versement, sans attendre l'immatriculation de la société. Cette flexibilité facilite la gestion de trésorerie dès le début.

Vous pouvez aussi libérer les fonds progressivement, tout dépend de ce que prévoient les statuts. Cette liberté permet d'adapter le rythme des versements aux besoins réels de la société et à vos propres capacités financières.

Pour une société civile immobilière, l'apport d'un bien immobilier est naturellement le plus fréquent et le plus stratégique.

Apports en nature

L'apport en nature concerne tous les biens qui ne sont pas de l'argent : biens immeubles (appartements, maisons, terrains), biens meubles (véhicules, mobilier), titres de société ou droits incorporels.

Pour une société civile immobilière, l'apport d'un bien immobilier est naturellement le plus fréquent et le plus stratégique.

L'évaluation du bien apporté est capitale. Elle détermine le nombre de parts sociales que vous allez recevoir et influence la répartition du pouvoir au sein de la SCI. Si votre bien est évalué à 200 000 euros et que le capital total est de 500 000 euros, vous détiendrez 40% des parts.

En principe, l'évaluation revient aux associés qui doivent se mettre d'accord sur une valeur juste et réaliste, généralement basée sur le prix du marché. Regardez les ventes récentes dans le secteur, consultez les notations immobilières, soyez objectif.

Le commissaire aux apports n'est pas toujours obligatoire en SCI. Les associés peuvent décider d'en désigner un s'ils le jugent nécessaire. Cette intervention apporte une garantie supplémentaire et évite les contestations futures, mais elle coûte de l'argent.

Pour un bien immobilier, le notaire est incontournable. Son intervention est obligatoire pour rédiger l'acte authentique de transfert de propriété. Cette formalité garantit la sécurité juridique de l'opération et permet d'accomplir les publicités légales indispensables.

Apports en industrie

L'apport en industrie correspond à la mise à disposition de vos connaissances techniques, de votre savoir-faire ou de vos services.

Cette forme d'apport est très rare en SCI. Pourquoi ? Parce que l'objet d'une société civile immobilière porte sur la détention et la gestion de biens immobiliers. On a besoin de biens ou d'argent, pas vraiment de compétences spécifiques au quotidien.

La particularité majeure : l'apport en industrie ne compte pas dans le capital social. Pourtant, l'apporteur en industrie reçoit quand même des parts sociales qui lui donnent un droit de vote et une participation aux bénéfices. Ces parts sont incessibles, sauf si les statuts prévoient une clause contraire.

Zoom sur l'apport d'un bien immobilier à une SCI (Procédure et formalités)

L'apport immobilier constitue le cœur de l'activité d'une SCI. Cette opération complexe nécessite de respecter plusieurs étapes précises.

Étape 1 : Évaluation du bien

Première chose à faire : évaluer votre bien. Vous devez déterminer la valeur vénale, c'est-à-dire le prix auquel il pourrait être vendu dans des conditions normales de marché.

Comment faire ? Consultez les références de transactions comparables dans votre secteur, demandez l'avis d'une agence immobilière, ou faites appel à un expert immobilier professionnel. Croisez les sources pour affiner votre estimation.

Cette évaluation a des conséquences directes : elle fixe le nombre de parts sociales que vous recevrez. Une sous-évaluation vous pénalise, une surévaluation peut poser des problèmes fiscaux. Adoptez donc une approche réaliste et documentez votre évaluation. En cas de contrôle fiscal, vous pourrez justifier votre position.

Étape 2 : L'intervention du notaire

Le notaire est obligatoire pour un apport immobilier. Pourquoi ? Parce qu'un bien immobilier ne se transfère pas sans acte authentique, et seul le notaire peut le rédiger.

Le notaire vérifie d'abord la conformité de l'opération, s'assure que vous avez la capacité juridique de faire cet apport, puis authentifie l'acte d'apport. Son intervention donne une force juridique particulière à l'opération.

Il calcule aussi les droits et taxes applicables, les collecte pour le compte de l'État, et effectue les formalités de publicité foncière. Tout cela a un coût : les honoraires du notaire s'ajoutent aux droits d'enregistrement. Le montant peut être conséquent, comptez plusieurs milliers d'euros selon la valeur du bien.

Étape 3 : La rédaction et modification des statuts

Les statuts de la SCI doivent mentionner précisément les apports : leur nature, leur valeur, leur origine. Ils indiquent aussi le nombre de parts sociales attribuées à chaque associé.

Si l'apport intervient après la création de la société, une modification statutaire devient nécessaire pour constater l'augmentation du capital social et la nouvelle répartition des parts.

Cette modification suppose une décision collective des associés réunis en assemblée générale extraordinaire, selon les conditions de majorité prévues par les statuts. Le procès-verbal de cette assemblée doit être rédigé avec soin et s'ajoute aux statuts modifiés. L'ensemble fait l'objet d'un dépôt au greffe du tribunal de commerce.

Étape 4 : Le droit de préemption urbain (DPU)

Quand un bien immobilier se trouve dans une zone soumise au droit de préemption urbain, la commune a un droit prioritaire d'acquisition. Ce droit s'applique même pour un apport à une SCI.

Vous devez notifier votre projet d'apport à la mairie par l'intermédiaire du notaire, en précisant les caractéristiques du bien et sa valorisation. La commune dispose alors d'un délai de deux mois pour exercer son droit de préemption ou y renoncer.

Cette étape s'appelle la purge du droit de préemption. Sans elle, vous ne pouvez pas poursuivre l'opération. Dans la grande majorité des cas, la commune renonce.

Étape 5 : La publicité foncière

Dernière étape : le notaire publie l'acte d'apport au service de la publicité foncière compétent. Cette publication rend l'opération opposable aux tiers : tout le monde est informé, le fichier immobilier est mis à jour, et la SCI apparaît officiellement comme propriétaire.

Cette formalité entraîne le paiement d'une taxe de publicité foncière, calculée sur la valeur du bien apporté. Son taux varie selon la nature de l'apport et le régime fiscal de la SCI.

Dernière étape : le notaire publie l'acte d'apport au service de la publicité foncière compétent

Conséquences fiscales des apports en SCI

L'apport d'un bien à une SCI a des conséquences fiscales importantes qu'il faut anticiper pour éviter les mauvaises surprises.

L'imposition de la plus-value

Apporter un bien immobilier à une SCI est assimilé à une cession aux yeux du fisc. Si la valeur d'apport est supérieure à votre prix d'acquisition initial, vous réalisez une plus-value imposable. Immédiatement. Même si vous ne touchez pas d'argent liquide.

Le calcul suit les règles classiques des plus-values immobilières. Cette plus-value est taxée lourdement : taux de l'impôt sur le revenu à 19%, auquel s'ajoutent les prélèvements sociaux à 17,2%, soit une taxation globale de 36,2%.

Heureusement, des abattements pour durée de détention existent. Plus vous avez gardé votre bien longtemps, moins vous payez d'impôts.

Pour l'impôt sur le revenu, l'exonération totale intervient après 22 ans de détention : 6% d'abattement par an de la 6ème à la 21ème année, puis 4% la 22ème année.

Pour les prélèvements sociaux, il faut attendre 30 ans pour une exonération complète : 1,65% par an de la 6ème à la 21ème année, 1,60% la 22ème année, puis 9% par an de la 23ème à la 30ème année.

Ces abattements font une vraie différence. Sur un bien détenu 15 ans, l'abattement atteint 60% pour l'impôt sur le revenu.

Certaines exonérations spécifiques peuvent aussi s'appliquer : résidence principale, première cession d'un logement autre que la résidence principale sous conditions, ou encore certaines zones géographiques bénéficiant d'avantages particuliers.

Les droits d'enregistrement

Le régime applicable dépend de la qualification juridique de votre apport et du régime fiscal de votre SCI.

L'apport pur et simple ne comporte aucune contrepartie autre que les parts sociales. Vous apportez votre bien, vous recevez des parts, sans argent versé ni dette prise en charge.

Dans ce cas, un régime favorable peut s'appliquer si votre SCI est soumise à l'impôt sur le revenu et que son actif ne contient pas d'immeuble ayant bénéficié de la TVA au cours des cinq dernières années. Vous bénéficiez alors d'une exonération de droits d'enregistrement et ne payez qu'un droit fixe de 500 euros. C'est très avantageux.

L'apport à titre onéreux se caractérise par une contrepartie supplémentaire aux parts sociales, comme la prise en charge d'un passif. Dans ce cas, les droits d'enregistrement sont calculés au taux de 5% sur la valeur du bien ou le montant du passif pris en charge (on retient le plus élevé des deux).

Sur un bien de 300 000 euros avec un prêt de 150 000 euros pris en charge, vous payez 7 500 euros de droits d'enregistrement.

Le cas du bien avec prêt en cours

Situation fréquente : vous avez acheté votre bien avec un prêt et il reste encore des échéances à payer. Vous voulez l'apporter à votre SCI.

Juridiquement, le prêt ne peut pas être transféré à la société sans l'accord de la banque. Dans la pratique, cet accord est rarement accordé.

La solution habituelle : vous gardez le prêt à votre nom, et en parallèle, la SCI s'engage à rembourser les échéances à votre place. Vous restez juridiquement responsable, mais c'est elle qui paie.

Cette configuration a une conséquence fiscale importante : la prise en charge du prêt par la SCI vous procure un avantage, vous vous libérez d'une dette.

Résultat, l'apport devient un apport à titre onéreux à hauteur du capital restant dû, et les droits d'enregistrement de 5% s'appliquent sur ce montant.

Exemple : votre bien vaut 400 000 euros, il reste 200 000 euros à rembourser, vous payez 10 000 euros de droits d'enregistrement (5% de 200 000).

Apport à la création vs. apport en cours de vie sociale

Le moment où vous faites votre apport change les formalités à accomplir.

À la création de la SCI

Lors de la création, les apports sont directement intégrés dans les statuts fondateurs. Les statuts mentionnent précisément chaque apport : nature, valeur, origine, et indiquent la répartition des parts sociales entre les associés fondateurs.

Les formalités d'immatriculation de la société incluent l'enregistrement de ces apports. Vous faites tout en un seul mouvement juridique, ce qui simplifie le processus. Le capital social initial se forme immédiatement avec l'ensemble des contributions des associés.

En cours de vie sociale

Si votre SCI existe depuis plusieurs années et que vous voulez apporter un nouveau bien, la procédure est plus complexe. Cet apport suppose une augmentation du capital social.

Cette opération nécessite une décision des associés réunis en assemblée générale extraordinaire, votant selon les conditions de majorité prévues par les statuts (souvent deux tiers ou trois quarts des voix).

Une fois la décision adoptée, les statuts doivent être modifiés pour constater l'augmentation de capital, intégrer le nouvel apport et mettre à jour la répartition des parts sociales. Ces statuts modifiés font l'objet d'un enregistrement auprès du service des impôts des entreprises et d'un dépôt au greffe du tribunal de commerce.

Vous devez aussi publier un avis de modification dans un journal d'annonces légales pour informer les tiers du changement. L'ensemble de ces formalités coûte plusieurs centaines d'euros et prend plusieurs semaines.

Lors de la création, les apports sont directement intégrés dans les statuts fondateurs

Foire aux questions (FAQ)

L'intervention d'un commissaire aux apports est-elle toujours obligatoire en SCI ?

Non, dans une SCI, les associés peuvent procéder eux-mêmes à l'évaluation des biens apportés. Vous pouvez toutefois décider d'en désigner un volontairement pour bénéficier d'une expertise indépendante et sécuriser juridiquement l'opération.

Cette démarche est particulièrement recommandée quand les enjeux patrimoniaux sont importants ou que les associés ne parviennent pas à s'accorder sur une valorisation commune. Le commissaire aux apports coûte entre 1 000 et 3 000 euros selon la complexité du dossier.

Puis-je apporter un bien immobilier si je suis marié sous le régime de la communauté ?

Oui, mais si le bien est commun aux deux époux, vous avez besoin du consentement exprès de votre conjoint. Ce consentement doit être donné de manière formelle dans l'acte notarié d'apport. Si le bien est propre à l'un des époux, vous pouvez l'apporter librement sans l'accord de votre conjoint.

L'absence de consentement du conjoint pour un bien commun peut entraîner la nullité de l'apport, parfois des années après. Mieux vaut associer les deux époux à la démarche dès le départ.

Quels sont les risques liés à l'apport d'un bien à la SCI ?

L'apport d'un bien immobilier à une SCI présente plusieurs risques à connaître.

Premier risque : la fiscalité. L'apport peut générer une taxation immédiate de la plus-value alors que vous ne touchez pas d'argent. Si vous n'avez pas anticipé ce coût, ça peut peser lourd.

Deuxième risque : le formalisme. Toute irrégularité dans les procédures peut compromettre la validité de l'apport ou entraîner des redressements fiscaux.

Troisième risque : la valorisation du bien. Une surévaluation crée des déséquilibres entre associés et peut générer des contentieux. À l'inverse, une sous-évaluation vous pénalise en vous donnant moins de parts que vous ne devriez.

Quatrième risque : la rigidité de la structure. Une fois le bien dans la SCI, il est plus compliqué de le récupérer personnellement.

Comment minimiser ces risques ? Par une préparation rigoureuse en vous entourant de professionnels compétents : notaire, expert-comptable, éventuellement avocat fiscaliste.

Combien coûte l'apport d'un immeuble à une SCI ?

Le coût d'un apport immobilier comprend plusieurs composantes.

Les frais de notaire incluent les émoluments calculés selon un barème réglementé, ainsi que les frais et débours pour les formalités administratives.

Les droits d'enregistrement varient énormément : 500 euros seulement pour un apport pur et simple à une SCI à l'IR, contre 5% de la valeur du bien pour un apport à titre onéreux (soit 15 000 euros sur un bien de 300 000 euros).

S'ajoutent éventuellement les honoraires d'un commissaire aux apports (1 000 à 3 000 euros) et les frais de publication et de greffe en cas d'apport en cours de vie sociale (environ 300 à 400 euros).

Au total, le coût global peut représenter entre 2% et 8% de la valeur du bien apporté selon les circonstances :

  • Apport pur et simple à la création d'un bien de 400 000 euros : environ 8 000 à 10 000 euros

  • Apport à titre onéreux avec prêt de 200 000 euros : environ 25 000 à 30 000 euros

L'apport à une société civile immobilière mérite réflexion et préparation. Les types d'apports sont variés, les formalités nombreuses, et les conséquences fiscales peuvent être lourdes. Mais une fois que vous maîtrisez ces différents aspects, la SCI devient un outil puissant pour structurer votre patrimoine immobilier, optimiser la gestion de vos biens et faciliter la transmission. Prenez le temps de bien comprendre, faites-vous conseiller, et lancez-vous sereinement.

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