Tout savoir sur le compte courant SCI

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  • Article written by Mickaël ZONTA
  • Co-fondateur, Investissement-Locatif.com
Publié le lundi 10 novembre 2025
Summary
Mise en place et fonctionnement du compte courant d'associé
Les deux types de compte courant en SCI
Avantages et inconvénients du compte courant d'associé
Fiscalité et comptabilité du compte courant d'associé
What you need to remember
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Le Compte Courant d'Associé (CCA) dans une Société Civile Immobilière (SCI) n'est pas un compte bancaire, mais un mécanisme de financement interne. Il s'agit concrètement d'un prêt d'argent (une avance de fonds) consenti par un ou plusieurs associés (ou le gérant) à la SCI pour répondre à ses besoins de trésorerie, comme payer des charges courantes ou financer des travaux, sans augmenter le capital social.

Ce prêt est inscrit au passif de la société et est, en principe, remboursable à tout moment par l'associé prêteur, sauf si une clause de blocage est prévue. Il peut être rémunéré par des intérêts, offrant ainsi une certaine souplesse financière à la société.

Le compte courant d'associé représente donc une créance contre la SCI : l'associé devient créancier de la société pour le montant prêté. Cette solution de financement alternative permet de renforcer la trésorerie sans passer par les circuits bancaires traditionnels ni modifier la structure capitalistique de la société.

Mise en place et fonctionnement du compte courant d'associé

Qui peut alimenter un compte courant d'associé ?

Tout associé d'une SCI peut effectuer une avance de fonds sci via un compte courant, à condition que le capital social soit entièrement libéré. Le gérant, qu'il soit associé ou non, peut également réaliser ce type d'opération. Cette souplesse permet à plusieurs personnes de participer au financement de la société selon les besoins.

La convention de compte courant d'associé : un document essentiel

Bien que non obligatoire légalement dans tous les cas, la rédaction d'une convention de compte courant associé sci est fortement recommandée. Ce document contractuel formalise les relations financières entre l'associé prêteur et la SCI en précisant plusieurs éléments fondamentaux.

La convention doit idéalement déterminer :

  • Le montant de l'avance consentie ou le plafond autorisé

  • Les conditions de remboursement (modalités, échéancier, préavis éventuel)

  • Le taux d'intérêt applicable (le cas échéant) et ses modalités de calcul

  • L'existence ou non d'une clause de blocage temporaire du remboursement

  • Les garanties éventuelles accordées à l'associé prêteur

Cette convention protège à la fois la SCI (en évitant des demandes de remboursement intempestives) et l'associé (en sécurisant sa créance). Elle constitue également une preuve en cas de contrôle fiscal, notamment pour justifier la déductibilité des intérêts versés.

Procédure d'alimentation du compte courant

L'alimentation d'un compte courant d'associé sci s'effectue simplement par virement bancaire depuis le compte personnel de l'associé vers le compte de la SCI. Chaque opération doit être correctement enregistrée en comptabilité, avec un libellé explicite mentionnant "Apport en compte courant d'associé" suivi du nom de l'associé concerné.

Il est possible d'alimenter progressivement le compte courant selon les besoins de trésorerie, sans formalisme particulier autre que la bonne traçabilité des flux financiers. Cette flexibilité constitue l'un des principaux avantages de ce mécanisme par rapport à une augmentation de capital qui nécessite des formalités juridiques plus lourdes.

L'alimentation d'un compte courant d'associé sci s'effectue simplement par virement bancaire depuis le compte personnel de l'associé vers le compte de la SCI.

Les deux types de compte courant en SCI

Le compte courant créditeur : le cas le plus fréquent

Le compte courant créditeur correspond à la situation où l'associé prête de l'argent à la SCI. C'est le mécanisme standard du prêt associé sci : l'associé dispose d'une créance sur la société, et son compte est "créditeur" du point de vue de l'associé (il a droit à un remboursement).

Dans ce cas de figure, l'associé devient temporairement créancier de sa propre société. Ce prêt entre dans le passif du bilan de la SCI et peut être utilisé pour tous types de dépenses :

  • acquisition d'un bien immobilier,

  • réalisation de travaux,

  • paiement de charges de copropriété,

  • règlement d'impôts,

  • ou simplement amélioration de la trésorerie courante.

L'associé qui consent cette avance peut, s'il le souhaite et si la convention le prévoit, percevoir des intérêts en rémunération de son prêt. Ces intérêts constituent un revenu imposable pour lui, mais peuvent être déductibles pour la SCI sous certaines conditions fiscales.

Le compte courant débiteur : une pratique encadrée et risquée

Le compte courant débiteur sci représente la situation inverse : c'est la SCI qui prête de l'argent à l'associé. L'associé devient alors débiteur envers la société, ce qui crée une dette à son encontre. Cette configuration est beaucoup plus rare et comporte des risques spécifiques.

Dans une SCI, ce type de prêt est juridiquement possible mais fortement déconseillé pour plusieurs raisons.

Premièrement, il expose la société à un risque de non-remboursement si l'associé rencontre des difficultés financières.

Deuxièmement, il peut être requalifié fiscalement en distribution déguisée de revenus, avec des conséquences fiscales défavorables pour l'associé et la société.

Les conventions réglementées s'appliquent généralement à ce type d'opération, ce qui impose un formalisme strict :

  • approbation en assemblée générale,

  • rapport spécial si applicable, 

  • traçabilité complète.

De plus, un associé en compte courant débiteur doit normalement rembourser sa dette avant de pouvoir percevoir des dividendes ou des revenus de la société.

Les statuts de la SCI peuvent d'ailleurs interdire purement et simplement les comptes courants débiteurs pour protéger les intérêts de la société et des autres associés. Cette précaution statutaire permet d'éviter que la trésorerie de la SCI ne soit détournée au profit d'un associé.

Avantages et inconvénients du compte courant d'associé

Les principaux avantages

Souplesse et rapidité de mise en œuvre :

Contrairement à une augmentation de capital qui nécessite une assemblée générale extraordinaire, une modification des statuts et des formalités d'enregistrement, l'avance en compte courant se réalise par un simple virement. Cette flexibilité permet de réagir rapidement aux besoins de trésorerie.

Absence de modification de la structure capitalistique :

Le compte courant n'affecte pas la répartition des parts sociales ni le pouvoir de décision au sein de la SCI. Un associé qui souhaite financer la société sans diluer les autres associés trouve dans ce mécanisme une solution idéale.

Coût potentiellement inférieur à un prêt bancaire :

Les intérêts du compte courant, lorsqu'ils sont pratiqués, peuvent être négociés librement entre les parties (dans la limite du taux maximum déductible fiscalement). Ils sont souvent inférieurs aux taux bancaires, surtout en période de resserrement du crédit immobilier.

Rémunération possible pour l'associé prêteur :

Les intérêts compte courant sci constituent une source de revenus complémentaires pour l'associé qui consent l'avance. Cette rémunération peut être attractive, notamment si la SCI dispose d'une bonne capacité de remboursement.

Remboursement flexible :

En principe, sauf clause contraire, le remboursement compte courant sci peut être demandé à tout moment par l'associé créancier. Cette exigibilité offre une sécurité à l'investisseur qui sait pouvoir récupérer ses fonds en cas de besoin.

Les inconvénients et risques à considérer

Exigibilité immédiate et risque de trésorerie

Un associé peut réclamer son argent à tout moment. C'est le problème principal. Si la SCI n'a pas assez de liquidités, elle se retrouve coincée. La solution ? Prévoir un remboursement échelonné dans la convention. Ou bloquer temporairement les retraits.

Formalisme juridique à respecter

Le compte courant demande moins de paperasse qu'une augmentation de capital. Mais attention : l'écrit reste essentiel. Pas de convention ? Vous risquez les conflits entre associés. Et les ennuis avec le fisc. Gardez toujours une trace claire de tout.

Risque de requalification fiscale

Les règles du jeu sont strictes. Le taux d'intérêt ne doit pas dépasser le plafond légal. Sinon, le fisc peut tout requalifier en distribution de bénéfices.

Résultat : des impôts en plus pour la SCI et l'associé.

Impact sur la solidité financière apparente

Trop de comptes courants d'associés ? Les banques voient ça d'un mauvais œil. Votre SCI paraît fragile. Pour obtenir un prêt, elles peuvent exiger de bloquer ces comptes. Ou de les rembourser après leur crédit.

Conséquences en cas de décès de l'associé

Le compte courant entre dans la succession. Les héritiers peuvent tout réclamer d'un coup. Si la trésorerie ne suit pas, c'est la crise. Prévoyez une clause de blocage. Ou souscrivez une assurance adaptée.

Le compte courant d'associé SCI permet de renforcer la trésorerie sans modifier la structure capitalistique

Fiscalité et comptabilité du compte courant d'associé

Fiscalité des intérêts pour l'associé prêteur

Vous percevez des intérêts sur votre compte courant d'associé ? Ce sont des revenus de capitaux mobiliers.

Par défaut, vous payez 30 % d'impôts. C'est la "flat tax". Elle se décompose ainsi :

  • 12,8 % d'impôt sur le revenu

  • 17,2 % de prélèvements sociaux

Une autre option existe

Vous pouvez choisir le barème progressif. C'est intéressant si votre tranche d'imposition est basse.

Attention : l'abattement de 40 % ne marche que pour les sociétés à l'IS. Votre SCI à l'IR n'en bénéficie généralement pas.

Les obligations de la SCI

La SCI doit remplir un IFU (Imprimé Fiscal Unique). Ce document déclare les intérêts versés. Le fisc peut ainsi vérifier que tout est en ordre.

Déductibilité des intérêts pour la SCI

Pour une SCI soumise à l'impôt sur le revenu (IR), les intérêts versés aux associés au titre du compte courant sont déductibles des revenus fonciers de la société, à condition de respecter plusieurs conditions cumulatives :

  1. Le capital social doit être entièrement libéré : Si des parts sociales ne sont pas encore payées, les intérêts correspondant à la proportion non libérée ne sont pas déductibles.

  2. Le taux d'intérêt ne doit pas dépasser le taux maximum déductible : Ce taux est publié chaque trimestre par l'administration fiscale et correspond à la moyenne des taux effectifs moyens pratiqués par les établissements de crédit. Pour 2024-2025, ce taux se situe généralement entre 3 % et 4,5 % selon les périodes.

  3. Les intérêts doivent correspondre à un prêt effectif : La réalité du prêt doit être démontrée (virements traçables, convention écrite, cohérence avec les besoins de trésorerie).

Pour une SCI soumise à l'impôt sur les sociétés (IS), les conditions sont similaires mais s'inscrivent dans le cadre de la déduction des charges d'exploitation. Les intérêts compte courant sci réduisent alors le bénéfice imposable de la société.

Le non-respect du taux maximum déductible n'empêche pas le versement d'intérêts plus élevés, mais la fraction excédentaire ne sera pas déductible et sera donc supportée par la SCI après impôt, ce qui réduit considérablement l'intérêt économique de l'opération.

Traitement comptable du compte courant

En comptabilité, le compte courant d'associé créditeur s'inscrit au passif du bilan de la SCI, dans la catégorie des dettes. Il est généralement enregistré au compte 455 "Associés – Comptes courants". Chaque mouvement (apport ou remboursement) doit faire l'objet d'une écriture comptable précise avec justificatifs bancaires.

Les intérêts courus mais non encore versés doivent être provisionnés en fin d'exercice pour respecter le principe de rattachement des charges à l'exercice. Ils apparaissent alors en charges financières (compte 661) et en dette envers l'associé (compte 1688 ou 455).

Cette rigueur comptable est essentielle non seulement pour le respect des obligations légales, mais aussi pour assurer une gestion transparente et éviter les conflits entre associés.

Conséquences en cas de succession ou cession de parts

En cas de décès d'un associé détenteur d'un compte courant créditeur, cette créance fait partie intégrante de son patrimoine successoral. Les héritiers deviennent alors créanciers de la SCI pour le montant du compte courant et peuvent en demander le remboursement immédiat, sauf clause de blocage prévue dans la convention ou dans les statuts.

Cette situation peut créer une tension de trésorerie pour la SCI, d'où l'importance d'anticiper ce risque par une clause de remboursement échelonné ou par la souscription d'une assurance "homme clé" dont le capital permettrait de rembourser le compte courant.

Lors de la cession de parts sociales, le compte courant d'associé ne suit pas automatiquement les parts. Il reste acquis à l'associé cédant, sauf convention contraire entre les parties. Le cédant conserve donc sa créance sur la SCI et peut en demander le remboursement, tandis que le cessionnaire acquiert uniquement les parts sociales.

What you need to remember

En résumé, le compte courant d'associé constitue un outil de financement souple et pratique pour une SCI. Il permet de renforcer la trésorerie sans modifier la structure capitalistique. Toutefois, sa mise en place nécessite :

  • une convention claire,

  • le respect des règles fiscales sur la déductibilité des intérêts,

  • une gestion rigoureuse pour éviter les tensions de trésorerie liées à l'exigibilité du remboursement.

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