Liquidation SCPI : que deviennent vos parts ?

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  • Article written by Manuel RAVIER
  • Co-fondateur, Investissement-Locatif.com
Publié le mardi 16 décembre 2025
Summary
Qu’est-ce qu’une liquidation, et ce que ce n’est pas
Dans quels cas une SCPI peut être liquidée
Cadre réglementaire et acteurs : qui fait quoi
SCPI à capital variable vs capital fixe : ce qui change pour sortir
Que deviennent vos parts en cas de liquidation
Revendre avant ou pendant une liquidation
Fiscalité : ce qui change quand on sort
Comment choisir pour limiter le risque
Valeurs de référence et liquidation
FAQ 
liquidation-scpi

Vous cherchez des réponses sur la liquidation d’une SCPI ? Vous voulez savoir ce que devient votre argent si le véhicule ferme, comment cela se passe, et quoi faire avec vos parts.

Voici le cadre. Une SCPI est une société civile de placement immobilier. Elle détient des immeubles et les loue. En cas de cessation d’activité, le patrimoine est vendu, les dettes sont réglées, puis le solde est réparti entre les associés. Le risque de perte de capital existe si le produit des ventes ne couvre pas tout. Ce n’est pas la même chose qu’une baisse du prix de souscription ou qu’un gel temporaire des retraits.

Dans cet article, on va clarifier les situations qui mènent à une fermeture, le rôle de la société de gestion et de l’Autorité des marchés financiers, l’impact sur votre détention, et vos options pour vendre avant ou pendant la procédure. L’objectif est de comprendre et décider.

Qu’est-ce qu’une liquidation, et ce que ce n’est pas

Une société civile de placement immobilier détient des immeubles et les loue. Lors de la clôture :

  • la structure est dissoute,

  • les biens sont vendus,

  • les créanciers sont payés,

  • le solde est réparti entre les associés selon le nombre de parts détenues.

La société disparaît à la fin du processus.

La liquidation n’est pas une simple baisse du prix de souscription, ni une baisse temporaire des revenus. Ce n’est pas non plus un manque d’acheteurs sur le marché secondaire. Quand ce marché est peu actif, il devient juste plus difficile de céder, mais la structure continue d’exister et d’exploiter son patrimoine.

Il faut aussi distinguer clôture et suspension des retraits dans une structure à capital variable. Dans ce cas, la société de gestion peut geler les sorties si les demandes sont trop nombreuses par rapport aux entrées. Cela touche la liquidité, pas l’existence du produit. La liquidation, elle, met fin à la structure et donc à votre détention.

En cas de cessation d’activité, le patrimoine est vendu, les dettes sont réglées, puis le solde est réparti entre les associés.

Dans quels cas une SCPI peut être liquidée

Décision des associés et fin de vie (souvent SCPI fiscale)

Une liquidation peut venir d’un choix des associés, voté en assemblée générale. C’est fréquent sur des SCPI fiscales prévues pour une durée de détention longue. Une fois l’objectif atteint, le patrimoine est cédé, ce qui doit l’être est remboursé, puis le solde est réparti entre les porteurs.

Point à retenir : l’avantage fiscal dépend des règles du dispositif et de votre durée de détention. Une sortie trop tôt peut changer le résultat fiscal. C’est là que la fiscalité et la date d’achat comptent, surtout sur ce type de produit.

Difficultés économiques et arbitrages possibles

Une cessation d'activité peut aussi être proposée quand l’exploitation devient trop compliquée.

Exemples : vacance qui dure, baisse des loyers, immeubles difficiles à vendre, endettement trop lourd. La société de gestion peut alors soumettre plusieurs options, dont une fusion, une réorganisation, ou une dissolution suivie d’une liquidation.

Dans ces scénarios, le risque de perte de capital augmente, car les ventes peuvent se faire avec une décote. Le contexte des marchés financiers et des taux compte aussi, car il influence la valeur des biens.

Ce qui n’est pas une liquidation

Une baisse du coût de souscription, une baisse de revenus, ou des délais pour vendre ne veulent pas dire clôture. Une structure peut être sous pression sans être dissoute. Avant de conclure, regardez les documents publiés et les décisions votées.

Cadre réglementaire et acteurs : qui fait quoi

Le rôle de la société de gestion

La société de gestion administre le produit au quotidien. Elle achète et vend des immeubles, pilote les locations, prépare les comptes et informe les associés. Si une dissolution est envisagée, elle présente les options et les conséquences, puis applique la décision votée.

Concrètement, c’est votre premier repère pour comprendre ce qui se passe. Les documents officiels servent de base, pas les rumeurs.

Le rôle de l’AMF et le cadre du Code monétaire et financier

Ces produits sont encadrés. L’AMF, Autorité des marchés financiers, supervise le cadre, l’information des investisseurs et les acteurs qui gèrent ces placements. Le Code monétaire et financier fixe des obligations, notamment sur l’information et la protection de l’épargnant.​

À ce stade, retenez une idée simple : une liquidation ne se fait pas en silence. Il y a des décisions formelles et des informations publiées.

Les documents à lire en priorité

Pour suivre une situation, trois sources reviennent tout le temps :

  • Le document d’informations clés, utile pour comprendre risques, frais et fonctionnement avant d’acheter.​

  • Le rapport annuel, pour voir le patrimoine, les dettes, et les opérations marquantes.

  • Les bulletins périodiques, pour suivre collecte, demandes de sortie, et faits notables.

Ces documents aident aussi à remettre en contexte une baisse, une tension de liquidité, ou un projet de vente.

Source : reglementation-scpi.html

SCPI à capital variable vs capital fixe : ce qui change pour sortir

Capital variable : retrait, file d’attente, suspension possible

Dans une structure à capital variable, la sortie se fait par une demande de retrait adressée à la société de gestion. Elle l’inscrit sur un registre et traite les demandes dans l’ordre d’arrivée, au rythme des nouvelles souscriptions en face.​

Quand il y a trop de demandes et pas assez d’acheteurs, la file d’attente grossit. Et si la situation dure, l’assemblée peut décider de suspendre la variabilité du capital et de basculer vers un système d’ordres, donc un fonctionnement proche du capital fixe.​

À retenir : une demande en attente veut dire “délai”, pas “fin du produit”.​

Capital fixe : marché secondaire et prix qui bouge

Dans une structure à capital fixe, la revente passe par un ordre de vente. Il faut qu’un acheteur se présente, et le tarif varie selon l’offre et la demande.​

Conséquence directe : si le marché secondaire est peu actif, vous pouvez attendre plus longtemps et accepter un coût plus bas. Ce point relève de la liquidité, pas d’une cessation d'activité.​

Le bon réflexe

Avant d’agir, identifiez le type de capital et relisez la partie “sortie” des documents officiels. Sur ce sujet, les règles écrites valent plus que les interprétations.

Source : scpi-un-autre-moyen-dinvestir-dans-limmobilier

Que deviennent vos parts en cas de liquidation

Les étapes, du vote au versement

Quand la dissolution est votée, on passe dans une logique de fin de vie. La cessation d'activité consiste ensuite à vendre les actifs, payer les dettes et frais, puis rembourser les associés avec ce qu’il reste.​

Dans les faits, la séquence ressemble à ça :

  • Décision formelle de dissolution

  • Désignation d’un liquidateur (souvent la société de gestion, parfois une autre entité selon le cadre)​

  • Réalisation du patrimoine, bien par bien​

  • Paiement des créanciers et des coûts liés à la liquidation​

  • Remboursement des porteurs, parfois en plusieurs fois si les ventes sont progressives​

Comment se calcule ce que vous récupérez

Votre part ne renvoie plus à un prix d’entrée. Elle donne droit à une fraction du solde final, après ventes et paiements.​

Deux facteurs dominent :

  • Le tarif obtenu lors des ventes

  • Le niveau des dettes et des frais à régler avant toute distribution​

C’est là que le risque de perte de capital existe : si les ventes se font bas, ou si les coûts sont élevés, le montant final peut être inférieur à votre mise.​

Délais et réflexes simples

Une liquidation prend du temps parce que vendre des immeubles peut prendre des mois, parfois plus.​

Pour suivre, restez sur du concret :

  • Communications de la société de gestion et décisions d’assemblée​

  • Rapports et bulletins qui détaillent ventes, dettes, et calendrier

Une liquidation prend du temps parce que vendre des immeubles peut prendre des mois, parfois plus.​

Revendre avant ou pendant une liquidation

Avant toute procédure : suivez les règles de sortie du produit

Hors dissolution, la cession se fait selon le type de capital.

  • Capital variable : demande de retrait, traitée dans l’ordre d’arrivée et au rythme des nouvelles souscriptions en face. Une demande en attente signifie délai, pas fin de vie.​

  • Capital fixe : ordre de vente sur le marché secondaire, exécution si un acheteur se présente, au coût du carnet d’ordres.​

Quand les retraits non compensés s’accumulent, l’assemblée peut suspendre la variabilité et basculer vers un système d’ordres, le temps de rééquilibrer la liquidité.​

Pendant une dissolution/liquidation : liquidité réduite et prix moins lisibles

Quand la fin de vie est enclenchée, les échanges deviennent plus rares. L’acheteur prend un risque sur le montant final et le délai, donc il exige souvent une décote. Cela tient à la liquidité, pas à la légalité des échanges.​

Dans ce contexte, relisez les modalités écrites par la société de gestion, car elles priment sur les usages.​

Erreurs fréquentes à éviter

  • Confondre prix d’entrée et prix de sortie : le premier est publié par la société, le second dépend des ordres et, en clôture, du produit des ventes.​

  • Penser que le marché secondaire garantit un délai court : il dépend de l’offre et de la demande.​

  • Ignorer les dispositifs de gestion de la liquidité (fonds de remboursement, suspension de la variabilité) prévus par la réglementation et la gouvernance.

Fiscalité : ce qui change quand on sort

Revente ou remboursement, même logique de base

Quand vous vendez vos parts, la taxation suit en général le régime des plus-values immobilières appliqué aux titres de sociétés à prépondérance immobilière, avec une plus-value calculée entre tarif de cession et tarif d’acquisition, ajusté par certains frais selon les cas.​

Point pratique : la société de gestion fournit souvent les éléments utiles, mais conservez vos justificatifs d’achat et les frais payés, car ils servent de base.​

Durée de détention et abattements

La fiscalité des plus-values immobilières inclut des mécanismes d’abattement selon la durée de détention, ce qui peut réduire l’impôt si vous gardez longtemps.​

Si vous sortez vite, vous n’avez pas ces abattements, donc l’impact fiscal peut être plus lourd à gain égal.​

Cas des SCPI fiscales

Sur une SCPI fiscale, l’intérêt vient d’un dispositif et d’un avantage fiscal lié à des conditions de détention. Si vous revendez trop tôt, vous pouvez perdre tout ou partie de l’avantage attendu selon le montage.​

Avant de vendre, vérifiez la durée recommandée dans la documentation et demandez une confirmation écrite sur les effets fiscaux dans votre situation.

Comment choisir pour limiter le risque

Diversifier le patrimoine

L’intérêt de ce type de placement, c’est la mutualisation. Si un immeuble a un problème, l’effet peut être compensé par les autres biens du portefeuille. Cette logique marche encore mieux si vous répartissez votre investissement sur plusieurs véhicules, pas un seul.​

À vérifier vite :

  • Nombre d’immeubles et de locataires

  • Répartition géographique

  • Répartition par type d’actifs

Comprendre la sortie dès le départ

Avant d’acheter, lisez comment on sort, et dans quels cas la sortie peut prendre du temps. Les demandes de retrait ou les ventes sur le marché secondaire ne sont pas garanties en délai.​

Si vous avez un horizon court, ce n’est pas le support adapté.

Se méfier du “classement”

Un classement SCPI repose souvent sur des performances passées. C’est un indicateur, pas un verdict. L’AMF rappelle que les performances passées ne préjugent pas des performances futures et qu’un rendement affiché doit toujours être lu avec les risques.​

Un bon réflexe : utilisez le classement pour faire une short-list, puis validez avec les documents, les frais, le patrimoine, et la liquidité.

Un classement SCPI repose souvent sur des performances passées. C’est un indicateur, pas un verdict.

Valeurs de référence et liquidation

Prix de souscription

Le coût de souscription, c’est le tarif payé pour acheter une part quand on entre. Il inclut en général des frais, donc ce n’est pas une “valeur” du patrimoine, mais un prix d’achat. En liquidation, ce prix ne sert pas à calculer ce que vous récupérez, il sert surtout de repère pour comparer votre mise de départ avec le montant final.

Valeur de retrait

La valeur de retrait, c’est ce que vous récupérez par part si vous sortez via un retrait quand le mécanisme de sortie le prévoit. En pratique, elle correspond souvent au coût de souscription moins les frais de souscription. En cas de clôture, la valeur de retrait n’est pas le bon repère, parce que la sortie se fait via la vente des immeubles et la répartition du solde, pas via un “rachat” à une valeur affichée.

Valeur de réalisation

La valeur de réalisation correspond à la valeur du patrimoine net, c’est-à-dire la valeur des actifs, diminuée des dettes, à une date donnée. C’est un indicateur patrimonial.

En cas de liquidation, c’est une base utile pour comprendre l’ordre de grandeur de ce qui peut rester après remboursement des dettes. Mais ce n’est pas une promesse, car les ventes se font plus tard, dans des conditions de marché qui peuvent changer.

Valeur de reconstitution

La valeur de reconstitution est une vision “coût de remplacement” du patrimoine. Elle tient compte de la valeur des immeubles, plus les frais qu’il faudrait payer pour reconstituer le même portefeuille (droits, frais d’acquisition, etc.). Elle sert surtout à juger le positionnement du coût d’achat, par exemple quand le prix de souscription est très au-dessus ou très en dessous de cette valeur.

À quoi ça sert pour une sortie ou un risque de perte

Ces valeurs servent à éviter deux erreurs.

  1. Croire que le prix de souscription est une référence de remboursement
    En liquidation, ce qui compte, c’est le produit des ventes, moins les dettes et les frais. Si vous comparez uniquement au prix de souscription, vous risquez de mal évaluer le risque de perte de capital.

  2. Vendre ou acheter sans repère

  • Pour une sortie hors cessation d'activité, la valeur de retrait aide à comprendre ce que vous touchez si la sortie se fait par retrait.

  • Pour une sortie via marché secondaire, valeur de réalisation et valeur de reconstitution aident à juger si le prix proposé sur le marché est cohérent ou déjà fortement décoté.

  • En liquidation, valeur de réalisation est souvent la plus proche d’un “thermomètre” patrimonial, mais le résultat final dépend des ventes réelles et du calendrier.

FAQ 

Une demande de retrait peut-elle rester en attente longtemps

Oui. Même si la demande est complète, l’exécution dépend de la présence de souscriptions en face. Si la liquidité est faible, la sortie peut prendre un délai indéterminé.​

Peut-on annuler une demande de retrait

Oui. L’AMF rappelle que la demande de retrait peut être révoquée par l’associé. Elle mentionne aussi qu’une suspension de la variabilité peut être décidée dans certaines situations, avec passage à un système d’ordres.​

Marché secondaire : comment se forme la tarification

Sur un capital fixe, les ordres d’achat et de vente sont confrontés pour former un prix d’exécution. Si votre tarif demandé est trop haut par rapport à la demande, rien ne se fait.​

Qui doit vous prévenir des risques de liquidité

Le risque de liquidité doit être présenté avant l’achat, notamment via le document d’informations clés et la note d’information visée par l’AMF.

Source : scpi-une-demande-de-retrait-meme-reguliere-peut-etre-executee-dans-un-delai-indetermine

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